En octobre 2024, une équipe de chercheurs de l’université de Pékin publie dans Nature Electronics une avancée qui pourrait changer en profondeur la façon dont nous conçevons les systèmes d’intelligence artificielle. Leur arme secrète ? Une puce analogique, bien plus efficace que les meilleures cartes graphiques numériques actuelles… sur certains calculs clés.
Une avancée technologique méconnue, mais majeure
Peu relayée dans les médias tech occidentaux, cette innovation mérite pourtant toute notre attention. Non, ce n’est pas un nouveau GPU. C’est une toute autre façon de faire du calcul : non plus avec des 0 et des 1, mais avec la physique elle-même.
Analogique vs numérique : un changement de paradigme
Alors que les processeurs numériques actuels simulent des calculs à coup d’opérations binaires, les puces analogiques utilisent des propriétés physiques continues (tension, résistance…) pour résoudre directement des équations complexes.
La puce conçue par l’équipe chinoise repose sur des mémoires RRAM et peut résoudre des systèmes linéaires complexes en quelques nanosecondes :
- 60 ns pour une multiplication matrice-vecteur
- 120 ns pour une inversion de matrice
Le tout avec une précision de 24 bits, comparable au format FP32 utilisé par les GPU modernes.
1 000 fois plus rapide ? Oui, mais…
La puce a été comparée à des poids lourds comme la Nvidia H100 et une puce ASIC spécialisée. Pour les opérations matricielles, elle les dépasse :
- Dès 32×32, elle est plus rapide
- Et au-delà, jusqu’à 10× plus performante
- Les projections avec des amplis optimisés indiquent 1 000× plus de débit et 100× moins d’énergie consommée
Mais attention : cette puce ne remplace pas un GPU. Elle ne fait qu’une chose, mais elle le fait extrêmement bien.
Pourquoi c’est une vraie percée
- La preuve que l’analogique peut être précis : Jusqu’ici, le bruit et l’imprécision freinaient les approches analogiques. Ce prototype change la donne.
- L’informatique in-mémoire validée : Traiter les données là où elles sont stockées, sans transfert mémoire incessant, ouvre la voie à des systèmes ultra-efficaces.
- Des cas d’usage concrets : Traitement du signal 6G, IA embarquée sur appareils mobiles, calcul scientifique…
- Un maillon de la stratégie IA+ de la Chine : Cette puce s’inscrit dans une vision ambitieuse de société intelligente à horizon 2035, où l’IA est présente partout, y compris dans la sphère familiale.
Une brique d’avenir à ne pas sous-estimer
Ce n’est pas un tueur de GPU. Ce n’est pas une puce magique. Mais c’est une preuve que pour certains calculs, on peut faire beaucoup mieux que le tout-numérique. Et que l’avenir sera sans doute hybride : analogique pour la spécialisation, numérique pour la flexibilité.
Une analyse plus détaillée est disponible dans l’article complet (en anglais) ici : Could China’s Analog AI Chip Be 1,000× Faster Than Nvidia GPUs?
